La comète de Halley, membre le plus célèbre d’une immense famille, astre le plus courtisé par les astrologues, les devins et les astronomes depuis plus de deux millénaires, l’« étoile errante », signe de mauvais présage qui a de tout temps terrifié l’humanité, n’est en fait qu’un corps minuscule. Sa forme irrégulière s’apparente à un sphéroïde dont les trois axes mesurent 16 x 8,2 x 7,5 km.
La comète de Halley, astronomiquement et strictement parlant, est une planète : comme Mercure, Vénus ou la Terre elle tourne autour du Soleil, quoique dans le sens inverse du mouvement général des astres du système solaire. Elle parcourt en 76 ans une orbite très elliptique qui l’amène à moins de 88 millions de kilomètres du Soleil, entre Mercure et Vénus. Son aphélie, c’est à dire sa distance maximale au Soleil, se trouve au-delà de l’orbite de Neptune, à quelque 5,3 milliards de kilomètres de notre étoile.
Tous les 76 ans les astronomes attendent le retour de la comète. A chacun de ses passages, elle croise de plus ou moins près notre planète. Si l’astre, nous l’avons vu, est minuscule, il devient extraordinairement brillant lorsqu’il s’approche du Soleil. La surface de Halley, très noire (son albédo est de moins de 4%), absorbe avec une grande efficacité la chaleur de notre étoile. A moins de 450 millions de kilomètres du Soleil, la glace de la comète commence à fondre et à se vaporiser sous la croûte. Ces poches de gaz commencent à exploser, crevant la surface, lançant dans l’espace d’immenses geysers, qu’une gravité négligeable ne risque pas d’arrêter. Fonçant vers le Soleil, la comète s’échauffe, et, soumis au vent de particules solaires, les gaz émis sont repoussés vers l’arrière, où ils dessinent une élégante chevelure, elle-même suivie par deux queues, respectivement composées de poussières minérales et de gaz ionisé, qui peuvent atteindre la taille fantastique de 100 millions de kilomètres ! Quoique essentiellement vide (une queue de comète n’atteint même pas un million de tonnes), la comète de Halley peut alors devenir l’astre le plus lumineux du ciel nocturne.
À proximité du périhélie (distance minimale au Soleil, environ 88 millions de kilomètres), la température de surface de la comète dépasse 70°C. Son activité est alors paroxystique (maximale), les gaz (vapeur d’eau principalement, mais aussi gaz carbonique, azote, méthane et ammoniac) sont expulsés à 500 m/s et à raison de 30 tonnes par seconde.